jeudi 4 janvier 2018

Gibelotte en compagnie de Montaigne (suite 3)

récit de ce qui s'est vraiment passé 

j’étais tranquille et je me mêlais de mes affaires
Engagé comme professeur de littérature en 1969 par un comité de sélection formé de professeurs de français du collège de St-Hyacinthe qui avaient remarqué des articles que j'avais publiés dans la revue Maintenant sur Réjean Ducharmeaprès le vol du référendum du 30 octobre 1995, vol qui a été prouvé par Robin Philpot dans un livre de 205 pages, en 1996-1997 la vie continuait et l’ex-conservateur Lucien Bouchard, en attendant les improbables conditions gagnantes, faisait la promotion de projets qui divisent comme les fusions de municipalités. Il coupait partout pour atteindre le déficit zéro comme le lui imposait Wall Street à travers Standard and Poor’s qui  lui avait fait peur en menaçant le Québec de décote. Ce premier ministre, devenu chef du Parti québécois après la démission de Jacques Parizeau le lendemain du référendum perdu, est allé jusqu’à compromettre les services de santé en poussant à la retraite prématurément (ce qu’il n’avait pas prévu mais gouverner, c’est prévoir), des milliers de médecins et d’infirmières (ce qui a pour conséquence la remise en question de l’objectif lui-même du déficit zéro ; on sait que Jacques Parizeau, économiste,  n’a pas la même phobie du déficit...). Soit dit en passant, il coupa mon salaire de 2.5%.
Comme professeur de littérature,  j’initiais mes élèves à la poésie de François Villon, aux Essais de Michel de Montaigne, au théâtre avec Le Misanthrope de Molière et au roman avec La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette, ce qu’on appelle des chefs-d’oeuvre de la littérature française du XVè, XVIè et XVIIè siècles de quatre genres littéraires différents, poésie, essai, théâtre, roman.
Dans le cours Français 101, pour expliquer la technique de l’analyse littéraire, je proposais comme modèle l’étude d'un extrait de Marie-Didace de Germaine Guèvremont, la dernière confession du père Didace et j’étudiais le Testament politique du patriote Chevalier de Lorimier écrit le 14 février 1839 à Montréal, en prison, la veille de sa pendaison par les Anglais. Le Testament se terminait par le magnifique: Vive La liberté! Vive l'indépendance! Ces deux chefs-d’oeuvre de la littérature québécoise et de la littérature universelle lus en classe dans un silence qui peu à peu s’alourdissait arrachaient des larmes à mes élèves, garçons et filles de dix-sept, dix-huit ans, tout en leur rappelant que notre littérature existait et qu’elle avait sa grandeur.  Le père Didace et Chevalier De Lorimier, la veille de leur mort, émouvaient mes élèves.  Je me souviens qu'une telle émotion avait surgi au Loyola College à la lecture à haute voix dans la classe de la préface des Grands cimetières sur la lune de Georges Bernanos.
Du point de vue syndical, j’étais un des sept membres du Comité des relations du travail (CRT) pour voir à ce que les ressources dédiées à l’enseignement ne soient pas détournées à d’autres fins que l'enseignement et voir à ce que que leur répartition entre les disciplines soit équitable et respecte la convention collective. L’année suivante, je suis devenu membre de l’exécutif  du syndicat. Pour avoir le plus d’information possible, j’étais aussi membre du Conseil d’administration du collège  à titre de représentant des enseignants qui m’avaient élu. J’étais heureux d’enseigner la littérature à des jeunes. J'appréciais les saisons en me rendant au collège par l'autoroute 30 et j'allais souvent faire des tours au Chenal-du-Moine, royaume du Survenant. J’étais tranquille et je me mêlais de mes affaires. Mais je me méfiais et je surveillais les agissements des cadres (libérales) qui, comme on sait, officiellement ne font pas de politique mais ont quand même leur liste noire.

the insolence of office  
J'ai dû subir ce que Shakespeare appelle the insolence of office dans le monologue d'Hamlet lu dans le texte original en anglais. (Lu en anglais:  ce fut le prétexte à du persiflage de Pierre Foglia.) Un collège existe dans une région où des notables exercent un pouvoir et ont une certaine influence. Le poste de directeur général du collège est devenu vacant suite à la prise de retraite de Roland Gaudreau qui l’avait détenu pendant vingt-neuf ans et avec qui j’avais étudié pendant quatre ans à l’école secondaire Le Plateau située dans le Parc Lafontaine. Depuis des années, une  femme du monde se préparait à conquérir ce poste de direction. A l’emploi de plusieurs collèges sur la Rive-Sud de Montréal depuis plus de vingt ans, elle avait franchi les échelons un à un. Elle avait son plan de carrière. Elle avait des ambitions et elle était prête. Dans la moyenne bourgeoisie dont elle faisait partie, l’argent était roi. Après mes cours, je revenais chez moi à Longueuil :  l'hostilité de la clique me passait cent pieds par-dessus la tête. Je ne risquais pas de les croiser au centre d’achat ou à la Caisse populaire autour de Sorel.  J'évitais ainsi les occasions  d'affrontements... ou de comédie sociale.
Pour ces affairistes de Saint-Anne-de-Sorel, j’étais un irresponsable qui avait osé critiquer une des plus célèbres familles d’industriels du Québec qui avait mis la région sur la carte et sans laquelle, disaient-ils,  il n’y aurait même pas de collège à Sorel-Tracy. Ce qui était vrai. La famille Simard avait financé la carrière politique de Robert Bourassa qui a épousé Andrée Simard. (Pour bien connaître la famille Simard et singulièrement Andrée Simard, il faut lire les deux romans remarquables de Claire Pontbriand Aurélie et La découverte d'Aurélie publiés aux Editions Les Intouchables en 2003, 2004A travers une fiction transparente, on y apprend des choses sur l'orientation sexuelle du mari de la personnage principale… (Aurélie-Andrée Simard) qui porte des lunettes à corne noire, fait beaucoup de natation, a étudié au collège Brébeuf, est premier ministre du Québec et est homosexuel.) Pierre-Elliot Trudeau a traité Robert Bourassa de mangeur de hot-dogs et il ne s'agissait pas d'art culinaire. Je parle de la famille Simard dans De la clique des Simard à Paul Desrochers.  Paul Desrochers (qui s'est suicidé) est l'organisateur en chef du Parti libéral qui a contribué à faire élire Robert Bourassa premier ministre du Québec en 1970 et 1973. 
La  clique libérale de Ste-Anne-de-Sorel se réjouissait d’avance à l’idée que la directrice me remette à ma place.  Mon deuxième livre, Ils sont fous ces libéraux qui racontait les tactiques libérales  utilisées pendant la campagne électorale du 29 octobre 1973 leur avait déplu. Les biographes de Robert Bourassa, le dernier en date étant Georges Hébert-Germain, ont ignoré mes deux livres qui cadrent mal avec une hagiographie. Je me demandais comment Ubu Reine s’y prendrait pour me nuire tout en espérant qu’elle me laisserait enseigner en paix mais sans trop y croire. La collision est survenue plus rapidement que prévu. La notable était impatiente d’en découdre pour faire rapport à ses amis de la clique afin d’agrémenter leur vie sociale provinciale marquée par l’ennui. C'est ce que la suite de l'histoire allait démontrer.
La directrice récemment choisie a commencé par rejeter cavalièrement mon ami le Syndicaliste (Daniel Lussier), professeur de sociologie, qui avait été le président de notre syndicat pendant plusieurs années et qui avait toutes les compétences pour devenir le Directeur des ressources humaines.  Puis, au début de la session d’automne, quand elle a convoqué Daniel Trudeau,  mon confrère l’Ebéniste, professeur de biologie, président du syndicat des enseignants, suite à une plainte contre moi à propos d'une situation qui datait de la session hiver-printemps donc passée depuis trois mois et qu’elle aurait pu traiter avec tact, j’ai compris qu’elle était en mission. On sait qu’il est facile pour un administrateur d’utiliser la technique de la plainte anonyme pour embêter un enseignant. C'est ce qu'elle a essayé de faire.  
Lors d’une partie de golf au Club Continental près de Sorel, tout en me criant de ne pas aller chercher sa balle dans le bois qui gisait au milieu de nombreux plants d’herbe à puce, l'Ebéniste me raconta en détail la conversation qu’il avait eue avec sa Majesté. J’ai alors vu qu’elle cherchait à me déstabiliser et elle réussit en partie à le faire. En me provoquant, elle était sûre et ses amis libéraux aussi, que je perdrais mon calme et que je ferais des erreurs. Au minimum, on me stresserait en créant un climat d’hostilité.  La direction me faisait sentir que mon style d’enseignement et mon engagement politique et syndical n’étaient pas les bienvenus  dans leur région et que mes beaux jours étaient derrière moi.
Or, je n’étais pas intéressé à suivre les conseils pédagogiques d’une ancienne professeure de chimie qui privilégiait les cours magistraux. Quand j’ai exigé des explications sur sa convocation, par dessus ma tête, du Président du syndicat à propos d’une plainte me concernant, j’ai compris l’expression qu’utilise Hamlet dans le célèbre monologue To be or not to be dans son énumération des choses désagréables de la vie qu’il faut supporter. Il parle de l’arrogance des gens qui ont un poste de direction.  Shakespeare emploie l’expression the insolence of office.
J’ai vu l’insolence d’une directrice qui voulait prendre le contrôle des lieux. Elle aurait dû prévoir pourtant que je me défendrais, mon passé en était le garant. Une des tentatives des élites locales de me nuire avait échoué en 1973 à l’occasion de ce qu’on a appelé, à l’époque, l’affaire du Cassé de Jacques Renaud, petit roman écrit en joual dans un conflit qui se rendit jusqu'à l'émission télévisée Femmes d'aujourd'hui: j'ai fait une entrevue avec Jeanne Sauvé, future gouverneur générale du Canada qui essaya en vain de me faire dire que j'utilisais Le Cassé à des fins politiques…ce qui était vrai.  Mais la directrice générale se croyait la plus forte : c’est souvent l’effet que produit l’argent : l’argent, ça enfle la tête et ça peut conduire à des abus de pouvoir ou à ce qu'on appelle des power trips
Je ne faisais pas partie de ce milieu bourgeois qui applaudirait aux poursuites et au harcèlement qui s'en venaient et qui sont des méthodes d’intimidation. Après un Conseil d’administration, quand la directrice m’invita à un goûter avec d’autres membres du Conseil, je refusai.  Quand on est dans l’opposition, on ne doit pas se laisser amadouer.
J’ai toujours refusé de fraterniser avec ces élites locales. Je n’étais pas de leur milieu et je ne tenais pas à en être. D’ailleurs, les partys de Noël, les tournois de golf, les bals masqués, les parties de sucre et autres réunions sauciales avaient pour fonction de nous faire oublier des décisions qui étaient défavorables au personnel du collège. Il ne fallait pas compter sur nous pour jouer ce jeu-là et faire semblant, le coude levé, que nous formions une belle grande famille et que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. 
Tout n’allait pas pour le mieux dans le meilleur des mondes.
  • À quoi servait le social : fête de Noël, les sucres, bal masqué, tournoi de golf, départ des cadres, bourses aux étudiants, départs à la retraite, mérite étudiant ? Voyez ce qu’en dit avec  justesse le romancier français Pierre Combescot.
  • Le cardinal Mazarin n’est pas le dernier à mener cette contredanse où les salves de mousquets doublent les violons. Il a toujours eu du goût à la fête. Elle lui sert à charmer, à tromper et à mieux asservir.  (Pierre Combescot, Les Petites mazarines, 1999, Livre de Poche, p.53)
Nous ne tenions pas à nous laisser charmer, tromper et asservir.  Ce sont des mots à bien peser: charmer, tromper et mieux asservir, tels étaient bien le but et la fonction des nombreuses activités sociales organisées par la directrice.  
un directeur des études chez Rona
Pour faire comprendre l’image belliqueuse que projetait le syndicat des enseignants, il faut revenir en arrière et raconter un incident qui s’est passé avant l’arrivée de Sa Majesté et qui concerne le Directeur des études (Jacques Hamel) qui était là avant la venue du nouveau Directeur des Etudes dit le Soumis qui, obéissant aux ordres de la Directrice, nous a poursuivis pour diffamation (80,000$) parce que nous avons écrit qu'il avait été doublement incompétent dans un dossier, celui de l'examen de reprise. Ce qui était malheureusement vrai mais il ne fallait pas l'écrire.
Dans notre collège  où j’ai enseigné plus de trente ans, on a eu le même directeur général pendant vingt-neuf ans. Ce directeur, Roland Gaudreau, avait au moins une qualité : il laissait les enseignants travailler en paix même si ses tendances à économiser nous privaient de services auxquels nous aurions normalement eu droit. Quand la nouvelle directrice est arrivée au collège, il y avait un bas de laine de 2.4 millions de dollars.
Avant l’arrivée en poste de la nouvelle directrice générale, un incident contribua à établir la réputation du syndicat des enseignants. Le directeur des études Jacques Hamel, ex-syndicaliste, savait se faire des ennemis mais on arrivait à le neutraliser surtout l’année où il s’est déclaré malade lors de la journée pédagogique de la rentrée d’automne pour éviter d’avoir à prendre la parole à l'auditorium devant tout le personnel réuni comme c’était prévu à la fin des vacances d'été, au mois d'août. 
Ce jour-là, alors qu’il était supposé être malade, un enseignant (un délateur) l’a vu en train de magasiner chez Rona ; cet enseignant que nous nommerons le Théâtral  se vengea en n’étant pas discret car, insulte suprême, le directeur des études négligeait d’assister aux représentations théâtrales de ses élèves en fin de session comme il avait négligé d’être présent lors d’un festival inter-collégial de la vidéo organisé en juin par Michel Contant un autre enseignant prof de cinéma qui fut indiscret et que nous nommerons le Grammairien. Le Grammairien dit aussi le Courtisan parce qu'il a collaboré à certains projets d'aménagement des locaux à son avantage et fait une vidéo sur le programme d'environnement, le Courtisan, dis-je, prit la peine de faire un voyage de 60km pour venir chez moi à Longueuil m’informer de la présence du directeur des études chez Rona. C’est la preuve que le Théâtral et le Grammairien sont des rancuniers.   
Or, le directeur des études qui brillait par son absence lors de leurs réalisations importantes de fin de session a eu le culot de faire prendre les présences des enseignants à l’entrée de l’auditorium par deux secrétaires lors de la journée pédagogique obligatoire de la rentrée. Les enseignants devaient être présents à la journée pédagogique qui était une activité barbante, la première de retour des vacances, mais obligatoire selon la convention collective. Ensuite, il convoqua les absents et les absentes à son bureau un par un, pour leur demander de s’expliquer et de justifier leur absence. C'est qu'il n'avait pas prévu qu'il avait été vu chez Rona… et qu'il serait dénoncé. Il avait des ennemis et, apparemment, il ne le savait pas surtout qu'avec le prof de cinéma, il faisait de la radio amateur.
Vous pouvez en rire si vous voulez mais ce fut la panique chez les enseignants coupables de ne pas avoir participé à la journée obligatoire dite pédagogique. Ils envahirent le local syndical en criant à l’aide. (Ils ignoraient l’absence du Directeur qui avait aussi l'obligation d'être présent.) Mais le syndicat ne pouvait rien faire pour les défendre. Le Directeur des études avait le gros bout du bâton pour affirmer son autorité et il en profita pour faire la leçon aux enseignants ou enseignantes incapables de trouver une bonne excuse, une maladie par exemple, mais alors, pourquoi n’as-tu pas appelé au collège pour te déclarer malade ? Ils ont défilé dans son bureau un à un. Le comble, il laissait flotter la possibilité de couper leur salaire d’une journée pour absence injustifiée, ce qu’il aurait pu faire car c’était son droit strict mais il ne le fit pas se contentant d’écoeurer les enseignants, ce qu'il faisait avec beaucoup de talent et avec un malin plaisir. 
Ce genre d'autoritarisme l’occupait entre deux réunions plus ou moins utiles. Il venait du niveau secondaire et il en avait gardé une mentalité de bureaucrate tatillon. Nous n’aimions pas ses manières. Nous le trouvions arrogant et antipathique. Alors, pour répliquer et pour lui donner une leçon, comme mesure de représailles, nous rendîmes publique dans La Sentinelle, organe d’information syndicale, cette contradiction entre ses exigences pour les enseignants et son absence de la journée pédagogique pour fausse maladie prouvée par sa visite chez Rona.  Il perdit le peu de crédibilité qui lui restait. Pour lui aussi, c’était une obligation d’être présent : on aurait pu exiger que son salaire soit coupé. Il perdit la face ce qui est toujours grave pour un administrateur.
Les relations humaines dans un collège sont parfois perturbées par ce genre d’enfantillages : si c’est ce que vous pensez, vous avez raison. Si les enseignants étaient présents aux journées pédagogiques au lieu d’étirer leurs vacances, la Direction n’aurait pas besoin d’intervenir et de faire ce que le syndicat appelle exagérément de la répression. Mais encore fallait-il que le Directeur des études donne l'exemple. Il n'y a pas que les enseignants qui ont des obligations dans un collège.
elle tenait salon
L’ex-syndicaliste directeur des études partit avec une prime de séparation dans les six chiffres : les hors-cadres sont bien traités dans les collèges, qu’ils le méritent ou non. Ce genre d’action syndicale efficace nous rendit célèbres (localement) et contribua à nous faire une réputation de coupeur de têtes (patronales), de redoutables militants syndicaux qui ne se laissent pas marcher sur les pieds. Cette notoriété se rendit évidemment jusqu’à une vedette locale (elle occupait une fonction importante dans la région : elle était présidente du conseil d’administration du Centre local de développement, le CLD) vedette locale et enviée qui nourrissait depuis longtemps l’ambition de devenir directrice générale de notre collège et qui tenait salon avec ses amis de la clique libérale dans sa grande maison près du fleuve Saint-Laurent, un verre de vin à la main, au son du cri des outardes à l'automne qui se dirigeaient vers le Chenal-du-Moine et les îles.
Un des sujets de conversation préférés de ces notables était ce qu’ils considéraient comme épouvantable : ils parlaient de ces enseignants qui se servent de leurs cours pour faire de la politique et de la propagande séparatiste en manipulant de jeunes élèves sans défense. Est-il nécessaire de dire que le Littéraire était le principal enseignant visé par ces libéraux. Ils attendaient patiemment leur heure qui n’allait pas tarder. Leur attente ayant été longue, l'attaque serait d’autant plus brutale. On allait voir ce qu’on allait voir.  
le pouvoir à talons hauts
Quand le directeur général prit sa retraite, il fut remplacé par cette femme dans la cinquantaine qui, dès son entrée en fonction, tenta de s’imposer par deux actions agressives : le refus déplaisant du Syndicaliste comme Directeur des ressources humaines et la plainte contre le Littéraire. Nous connaissant de réputation, elle savait qu’elle ne pourrait réaliser facilement ses projets de privatisation de la cafétéria, de réingénierie du personnel, d’ouverture de nouvelles voies de sortie qui cannibaliseraient les programmes existant, de contrôle de la présence des enseignants au collège et surtout de détournement des ressources réservées à l’enseignement à des fins de financement d'activités périphériques plus visibles comme le Centre de transfert technologique en écologie industrielle.  
Alors elle attaqua la première. Elle essaya de m'intimider. Vous aurez remarqué que le directeur des études qui magasinait chez Rona au lieu de faire son devoir et qui fut aussi notre adversaire était un homme. Alors, s’il vous plaît, avis aux féministes, pas d’accusation frivole de sexisme ou de machisme parce que nous attaquons une femme. Nous sommes seulement allergiques au pouvoir qui nous regarde de haut en bas qu’il soit à talons hauts ou pas. Ça ne fait pas de nous des machos ou des misogynes, des male chauvinist pigs, comme disent brutalement  les féministes américaines.
des cadres zélés
En plus de ses projets que nous ne pouvions accepter, cette directrice était dangereuse car elle contrôlait le Conseil d’administration et surtout, elle exigeait un zèle intempestif de ses cadres dont certains étaient de sa famille politique. Ce zèle, elle l’obtenait surtout des adjoints au Directeur des études, l’Adjointe (Louise Khelfa) et Grandpied (Claude Courchesne). Ce n’est pas rare de trouver au niveau collégial des cadres qui ont quitté l’enseignement pour obtenir des postes dans l’administration et un salaire plus élevé, un minimum de 15% de plus que le salaire qu’ils auraient eu s’ils étaient restés professeurs. Ces ex-enseignants devenus cadres veulent grimper dans la hiérarchie et n’hésitent pas à imposer des contraintes aux enseignants avec beaucoup de zèle pour montrer qu’ils ont pris leurs distances avec leur ancienne profession.  
l’idée traumatisante d’être évaluée par ses ennemis
Une personne de distinction comme dirait James Joyce fut donc nommée directrice générale à la fin du printemps 1997. Après quatre années tourmentées dans l’exercice de sa fonction où elle s’est heurtée à la pugnacité syndicale, quand il s’est agi de renouveler son contrat pour cinq autres années, le Conseil d’administration du collège demanda l’avis du syndicat des enseignants comme le stipulent les règlements. Ce fut le déclenchement d’un véritable psychodrame.
Ce qui avait été jusque là du théâtre de boulevard devint shakespearien car elle se sentit menacée dans son existence même. Elle fut informée de notre évaluation négative du directeur des études Le Soumis qui avait remplacé Monsieur Rona.  Nous rendîmes publique cette évaluation. Un membre de l'exécutif syndical, le prof d'Anglais, Pierre Girouard (l'Irlandais), lut à haute voix en assemblée syndicale devant 35 personnes un texte d’évaluation abrasif où elle était plusieurs fois prise à partie. Un enseignant espion de sa Majesté l'informa de cette lecture devant 35 personnes. De toutes façons,  la directrice était certaine (avec raison) que le jugement de la majorité des enseignants serait négatif à son endroit car elle croyait que nous contrôlions les enseignants (les profs de collège, presque tous diplômés universitaires, ne sont pas si faciles à contrôler) comme elle qui essayait de tout contrôler à commencer par l’information. La possibilité qu’elle n’avait pas été à la hauteur pendant quatre ans de 1997 à 2001 ne l’avait même pas effleurée. C’était impensable... pour elle. Mais pas pour nous. 
L’idée d’être évaluée publiquement par ses adversaires lui parut monstrueuse et la poussa à des gestes drastiques contre nous. Depuis le temps que des administrateurs nous cassaient les pieds avec l’évaluation des enseignants, nous avons pris un malin plaisir à lui servir la même médecine. Nous avons évalué la directrice.  On dira que nous l’avons volontairement et sciemment traumatisée et que nous avons agi avec cruauté en l’évaluant à l’aide d’un long questionnaire. On dira que nous l’avons moralement torturée en publiant le résultat détaillé de cette évaluation. Etant donné sa complexion psychologique, c’est vrai mais il ne faudrait pas exagérer et en faire une martyre patronale.
A cause de son orientation idéologique de droite accompagnée d’une attitude autoritaire, nous étions en situation permanente de conflit. Si bien qu’ayant à la fréquenter, nous ne prîmes même pas la peine de regarder la couleur de ses yeux ni d’apprécier ces atours ou ces appâts comme on disait au temps de Molière qui attirent l’attention des hommes sur la femme, son mode d’être, de paraître et d’exister comme l’écrivait Buytendyk. Comme nous ne sommes pas fort dans les descriptions, disons qu’on peut la comparer physiquement à Julie Couillard, la Mata Hari canadienne, la maîtresse du  Beauceron ministre conservateur Minus Maximus Bernier même si elle ne porta jamais dans l’exercice de ses fonctions ou dans les Galas, des robes aussi spectaculaires aux décolletés plongeants : le monde de l’éducation est quand même plus austère que le monde politique sauf pour les jeunes filles au nombril à l’air, ce qui émoustille un professeur de techniques administratives aussi directeur du théâtre local qui s’en est plaint dans La Presse et obtint le prix de la lettre du mois qui fut laminée, un grand honneur qui retomba sur tous les mâles professeurs même s’ils étaient plus discrets sur leurs pulsions vicelardes. Quand même, envoyer une lettre à La Presse pour dire que sa cinquantaine est troublée par les jeunes filles en fleurs court-vêtues, il faut le faire. Et c'était fait avec le plus grand sérieux sans aucune pointe d'humour.
outrages à la Direction
C’est dans un contexte conflictuel qui a duré sept ans et que nous venons sommairement de décrire que les quatre enseignants membres de l’exécutif du syndicat L'Ebéniste, Le Littéraire, le Politique et l'Irlandais ont subi une poursuite de 80,000 $.  Le Littéraire, a subi, en plus,  une poursuite de 170,000 $ en Cour supérieure pour diffamation et atteinte à la réputation.  
Le prétexte à la première poursuite de 80,000 $ fut une lettre ouverte qui attaquait la compétence du Directeur des études Christian Muckle. Nous avons écrit que le Directeur des études s’était montré incompétent et avait manqué doublement de jugement dans l’application de la politique d’évaluation à propos des examens de reprise. Ce qui était vrai mais il ne fallait pas l'écrire.
Dans la seconde poursuite de 170,000 $, le Littéraire, alors membre à la fois du Conseil d’administration du collège et de l’exécutif du syndicat, fut accusé d’avoir traité publiquement la directrice d’alcoolique pendant une réunion du Conseil parce qu’il lui a demandé si elle était à jeun quand elle a fait la promesse d’acheter des ordinateurs pour les cours de Cinéma lors d’un accueil du personnel où coulaient la bière et le vin, promesse qu’elle n’a pas tenue puisqu’il n’y avait rien de prévu dans le budget. Selon nos adversaires, il y avait eu là outrage à directrice comme on dit outrage à magistrat ou outrage au Tribunal. 
C’était évident que le Littéraire n’avait pas traité la directrice d’alcoolique: mais ses propos étaient maladroits. Cinq de ses amis présents au conseil d'administration comme observateurs furent témoins du faux pas qui consistait à employer l'expression à jeun. Ils essayaient de le rassurer puisque, disaient-ils, suite à la réaction outrée de la directrice, tu as retiré tes paroles immédiatement. Mes amis manquaient de réalisme. Ils oubliaient que pendant une guerre, tout peut servir. Le Littéraire allait devoir payer très cher son erreur, son manque de tact, son insolence, sa bévue, son irrévérence, son irrespect, son lapsus, ses propos ambigus,  appelez ça comme vous voudrez mais voyez comme les synonymes sont nombreux.
des poursuites-bâillons
Ces poursuites étaient des SLAPPs (Strategic lawsuits against public participation) des poursuites-bâillons. C’est pour cette raison, entre autres, que le conflit ne pouvait se régler rapidement et à l’amiable. Il y avait trop de malveillance dans ces poursuites particulièrement la deuxième qui visait personnellement le Littéraire. Nos répliques dans un bulletin syndical d’information appelé L’Huissier utilisaient des citations des Essais de Montaigne qui saupoudraient  nos interventions écrites mais qui ont mis le feu aux poudres car les femmes cadres les ont trouvées insultantes et, en effet, elles l’étaient comme vous pourrez en juger, et c'était voulu, un peu de provocation et de satire ne nous rebutent pas et mettent un peu de piquant et de piment dans la vie. 
le règne de la pensée unique
Dans le monde de l’Education, des poursuites-bâillons, cela ne se voit pas. A notre connaissance, c’était la première fois que ça arrivait. Cette directrice est sans doute un cas unique en son genre donc forcément intéressant. On peut dire que cette femme a tenté d’exercer le pouvoir comme si un collège public était une entreprise privée. Autocrate, fortement motivée politiquement mais d’une manière camouflée, cette apprentie dictateure n’a pu tolérer l’existence d’une opposition. Elle n'a pu vivre avec la présence d'un vrai syndicat qui défend les intérêts de ses membres. Elle a abusé de l’exigence du devoir de loyauté de l’employé envers l’employeur afin de museler le syndicat des enseignants et son exécutif qui fonctionnait toujours avec l’appui très fortement majoritaire de son assemblée générale. Elle a été incapable d’exercer ses fonctions en composant avec un vrai syndicat qui sait communiquer des positions claires se basant sur des connaissances  obtenues par un travail d’équipe constant et s'appuyant sur la convention collective. Elle avait bien mérité du surnom d'Ubu Reine en référence à la pièce Ubu Roi d'Alfred Jarry que le Grammairien avait montée avec ses élèves de façon magistrale.
Comme le disait la rédactrice en chef du journal local qui a dû subir ses pressions et ses jérémiades, c’était le règne de la pensée unique, une sorte de fanatisme qui essaie d’imposer ses vues, qui échoue et qui fait semblant de péter les plombs devant une opposition articulée et pugnace. Nous savons que nous décrivons un cas particulier et qu’il ne faut surtout pas généraliser et en faire une théorie sur le pouvoir exercé par les femmes. Nous nous gardons bien de généraliser. Non par prudence ou par peur de déplaire aux féministes mais par honnêteté intellectuelle.
On pourrait être tenté de considérer l’opposition des hommes qui militaient dans le syndicat comme de l’acharnement sexiste ou du harcèlement machiste qui sont, comme vous savez, des formes de misogynie. Nous disons aux féministes: vous êtes sur une fausse piste. Vous vous trompez. Vous êtes dans l’erreur si vous pensez cela. Nous n’avions pas le choix. Quand on est attaqué, on a le droit de se défendre. 
vouloir éliminer un adversaire
Après quelques mois de tentatives de séduction et quelques luttes qu’elle a perdues comme celle de la privatisation de la cafétéria, celle de l’utilisation des casiers des enseignants pour diffuser de l’information syndicale qu'elle voulait interdire et celle du respect de l’enveloppe E réservée à l’enseignement où, sur 82 ETC elle voulait enlever 4.2 ETC (enseignants à temps complet), ce qui est énorme pour un petit collège, à d’autres fins que l’enseignement, ce qui aurait augmenté la tâche de l’ensemble des enseignants, particulièrement ceux de la formation générale (français, philosophie, anglais) elle a décidé de prendre les grands moyens, c’est-à-dire deux poursuites judiciaires pour diffamation et des actions de harcèlement  dans le but d’éliminer un des leaders de cette opposition visé par les deux poursuites. Attention, vous avez bien lu éliminer. Vouloir éliminer quelqu’un, si on comprend le sens des mots, cela fait penser aux guerres de religion, à la pègre, à la mafia, aux services secrets et aux crimes passionnels.
Ce sont des méthodes  qui font penser à l’Inquisition, au KGB, à la CIA ou aux services secrets de l’Allemagne de l’Est ou d’Israël. C’est extrêmement violent. C’est de la violence comme, durant les séries de la coupe Stanley, quand un joueur a cassé le poignet de Mario Lemieux en lui donnant un coup de hockey. C’est le contraire de ce respect de la personne que la Reine du décorum exigeait pour elle-même mais dont elle s’est gargarisée pendant sept ans quand il s’agissait des autres.
Evidemment, comme elle aurait dû s’y attendre, nous avons combattu et ce combat, c’est l’équivalent d’une guerre et pas seulement une guerre de mots, une guerre que  avons gagnée parce que nous étions nombreux à la mener et que la très grande majorité des enseignants a été solidaire. Et même les élèves y ont participé comme nous le verrons.  
un avocat du 19è siècle
Dans un conflit, on a le droit de vouloir gagner mais pas par n’importe quel moyen. On peut s’opposer à un adversaire tout en ayant de la classe, en jouant fair-play et en respectant des règles d’éthique élémentaires, ce que n’ont pas fait la directrice générale et ses acolytes, principalement son avocat, Me Robert Ally,  un spécialiste des divorces. C’est du moins notre prétention comme disent les avocats que les circonstances nous ont obligés à fréquenter plus que nous l’aurions souhaité mais quand même avec beaucoup de profit.
L’avocat de la directrice qui a obtenu 48,900 $ pour ses précieux services, avec ses effets de toge, ses tactiques et sa grandiloquence était tout droit sorti des Belles histoires des pays d’en-haut de Claude-Henri Grignon. C’était amusant de l’observer car il donnait un bon spectacle. Il jouait bien son rôle. Si nous n’avions pas subi les conséquences de ses tactiques et stratégies, nous l’aurions applaudi surtout cette fois où il a dit au juge avec un grand effet de toge : Il faut que cessent ces injures et ces vomissements. C'était quelque chose à voir et à entendre. Il a dit cela avec le plus grand sérieux, sans rire. Mais quand il a essayé de réunir les deux poursuites en une seule dirigée uniquement contre le Littéraire, c'était trop gros comme manoeuvre et le juge a refusé. Mais  cette grotesque tentative montrait bien qui était visé par les deux poursuites en diffamation.
Il avait autant de talent que la directrice pour le pathos et l’effronterie. Mais c’était à même les fonds publics. 50,000 $ pour un petit collège d’environ 1,000 élèves, c’est beaucoup d’argent gaspillé pour satisfaire la mégalomanie d’une directrice et les désirs de vengeance d’une élite locale libérale, fédéraliste, bourgeoise et très satisfaite d'elle-même. 
un travail d’équipe
Soulignons que si le Littéraire que la directrice voulait éliminer avait été seul, il aurait perdu. Toute la Fédération autonome du collégial (la FAC) avec ses 17 présidents de syndicats, son comité de direction et son personnel, plus de 90% de la centaine d’enseignants de notre collège ainsi que les syndicats de professionnels et du personnel de soutien nous ont appuyé. Comme nous avons été l’objet de deux poursuites en diffamation, les services compétents de l'avocat Jacques Lamoureux  et de son bureau à Longueuil ont été requis. Les quatre membres de l’exécutif syndical ont été impliqués à fond. Par sa formulation impeccable des propositions adoptées en assemblée syndicale, Pierre Girouard dit l’Irlandais a contribué à galvaniser les énergies et à motiver la base. Ce fut un plaisir de travailler avec ce perfectionniste, cet épicurien amateur de jazz et de musique irlandaise propriétaire d’une maison ancestrale à St-Ours et père de deux grandes filles. Ce fut une belle fraternité ponctuée de repas de travail mémorables au restaurant Four à bois avec les deux autres membres de l’exécutif, aux qualités complémentaires, Gilles Casgrain,  professeur de sciences politiques, à la mémoire d’éléphant, au sens politique sûr mais aux réflexes un peu lents, Daniel Trudeau,  professeur de biologie, bon vivant qui ne se casse pas la tête, pratique et expéditif, qui m'irritait en parlant de tout sauf du conflit et le professeur de sociologie, Daniel Lussier, vice-président de la Fédération, impeccable,  généreux, expérimenté, compétent et prudent. Ces enseignants ont à leur actif quinze ans de syndicalisme et la lutte qu’ils ont menée ensemble a solidifié leur amitié. Avec l’appui indéfectible de Paul Martin, ingénieur, prof d'électrotechnique, membre du conseil d'administration comme représentant des enseignants, incorruptible et Sorelois. 
la lettre d’injures a été évitée
Le genre de harcèlement sournois que nous allons décrire et que privilégiait Ubu Reine et ses acolytes modifiait nos conditions de travail en créant un climat d’insécurité et un malaise lourds à porter. En réaction aux attaques mesquines et aux dépenses de fonds publics, nous avons été très tenté par la lettre d’injures qui est un genre littéraire créé par André Breton et les surréalistes, mais cela nous aurait nui.  Nous avons résisté à cette tentation car nous croyons que la modération est plus efficace d’autant plus que, comme le dit Talleyrand et comme Léo-Paul Lauzon, Pierre Falardeau et Victor-Lévy Beaulieu nous en fournissent régulièrement la preuve, tout ce qui est excessif est sans portée. 
On aurait pu se défouler et se faire plaisir en les traitant, comme font les Français, de pétasses qui se conduisent comme des connasses ou, en Québécois, de pitounes qui ont un comportement de nounounes. Cela nous a fort tenté. Nos adversaires féminines nous ont assez souvent traité de mufles, d’impolis, de cancers ou de mécréants sans ajouter à leurs motifs de le faire. Nous avons préféré l’ironie et la finesse et y aller par le haut (When they go low, we go high a dit Michelle Obama) en nous référant à sa majesté la Reine et en citant Montaigne et Molière. Avec quelques perfidies satiriques de corridors contre ces femmes savantes.
A ce propos, voyez ce qu’écrit magnifiquement Montaigne dans les Essais :
Celui qui d’une douceur et facilité naturelles, mépriserait les offenses reçues, ferait chose très belle et digne de louange ; mais celui qui, piqué et outré jusques au vif d’une offense, s’armerait des armes de la raison contre ce furieux appétit de vengeance, et après un grand conflit s’en rendrait enfin maître, ferait sans doute beaucoup plus. Celui-là ferait bien, et celui-ci vertueusement : l’une action se pourrait dire bonté ; l’autre, vertu. (II ,2)
Comme disait Roland Gaudreau qui fut directeur général pendant vingt-neuf ans, dans une lutte, si vous donnez des coups, vous devez vous attendre à en recevoir. Ce que vous lisez s’arme des armes de la raison contre un furieux appétit de vengeance et après avoir été piqué et outré jusques au vif d’une offense, après un grand conflit s’en rend enfin maître et parvient à mépriser les offenses reçues, ce qui est, selon Montaigne, de la vertu et une chose très belle et digne de louange.  
attention à ta prostate
Au moment d’une divergence d’opinion avec deux enseignantes en Soins infirmiers toutes en rondeurs sur un refus de priorité donc sur le congédiement d’une enseignante de leur département qui venait de Matane et qui avait vingt ans d'expérience, congédiement auquel le syndicat avait le devoir de s'opposer, dans un corridor du collège, frustrées, elles ont lancé d'une voix forte en s’éloignant du local syndical, cet avertissement prémonitoire en s’adressant au Littéraire : Attention à ta prostate ! Je n'en suis pas encore revenu. Des infirmières méchantes, ce n'est pas supposé exister.
Les infirmières peuvent sourire et se dévouer, c'est ce à quoi on s'attend. Mais elles peuvent aussi être mesquines. Elles me reprochaient de défendre une infirmière qu'elles voulaient mettre à la porte.
Ecrire est un exercice de mémoire.  Il n'est pas question d’oublier, de se taire, de pratiquer la politique de l’autruche. C’est la présence ou le danger du despotisme qui nous montre la valeur de la démocratie. Cela s’applique à un collège qui est une institution où des êtres humains vivent leur vie professionnelle, ce qui a, pour eux, une certaine importance. Cet essai raconte les péripéties d'une lutte contre le despotisme.
Cette histoire valait la peine d’être racontée sans risquer de se faire accuser d’égocentrisme ou de narcissisme. Evitez l'erreur grossière de qualifier notre histoire d'anecdotique. Et ne parlez surtout pas de la balloune de l'égo qu'il faudrait crever. On n'a pas besoin d'éteignoirs et de pisse-vinaigre.  Comme le chante Serge Fiori du groupe Harmonium, notre  voisin à Longueuil, nous avons quelque chose à raconter, il faudrait peut-être nous écouter. Et dans L’appendice aux confitures de coings, Jacques Ferron déplore le fait que le silence recouvre le pays de son ombre et que les gens se taisent portés à minimiser tout ce qu’ils ont vécu. Je suis celui qui frappe dedans la vie à grands coups d’amour chante Gerry Boulet, qui habitait sur ma rue, la rue St-Jacques  dans le  Vieux-Longueuil et chez qui mes filles allaient garder et il rentrait très tard dans la nuit. Il leur jouait une toune à trois heures du matin au piano avant de les laisser partir. Elles allaient aussi garder chez Yves Beauchemin aux moeurs plus retenues et conservatrices qui habite en face. Bel environnement de créateurs, n’est-ce pas ! Serge Fiori, Gerry Boulet et Yves Beauchemin, dans un rayon d'un kilomètre, c'est pas mal.  Ça donne le goût d’essayer de marcher sur leurs traces comme le fait mon fils Philippe qui tourne des vidéos sur ses chats. Serge Fiori a pris sa retraite mais Yves Beauchemin passe chaque jour devant chez nous avec sa lourde serviette, la tête entre les épaules pour se rendre à son lieu de création. Comme un honnête ouvrier de la littérature populaire.  J'ai lu son dernier roman la serveuse du café Cherrier. Quel manipulateur, ce romancier picaresque. A un moment donné, il fait mourir un personnage et on est triste. C'est la preuve que ce personnage avait su capter notre attention et notre sympathie. 
des cris d’orfraie
Comme d’habitude, la directrice et ses amies pousseront des cris d’orfraie devant les remarques que  je viens de faire et qu’elles qualifieront, naturellement, pour les discréditer, de désobligeantes, désagréables, déplaisantes, impolies, vexantes, irrespectueuses, irrévérencieuses, offensantes.  Voyez comme la liste des adjectifs est longue. Nous sommes dans la catégorie mondaine. On n’y ajoutera pas diffamatoires. Après les coups qu’elles ont donné, elles pourraient cesser de jouer aux vierges offensées. Shakespeare a beau dire que la vie est un théâtre, à un moment donné, il faut arrêter de jouer. All the word is a stage and all the men and women merely players. Le monde est une scène de théâtre et tous les hommes et femmes sont de simples acteurs.  
un nous fraternel et solidaire
Stimulantes pour les enseignants et irritantes pour les adversaires, les citations de Montaigne devraient donner le goût d’aller lire les Essais. Si vous le faites, vous ne le regretterez pas, surtout si vous avez lu, en guise d’introduction, Montaigne à cheval, une biographie remarquable de Jean Lacouture. Les nombreux passages autobiographiques des Essais sont d’une saveur incomparable et il y aurait un livre à faire qui les rassemble.



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